
Du métier de boucher à plombier-chauffagiste : Ernest, un profil atypique qui fait la différence
Face à la pénurie de main-d’œuvre, il faut diversifier son sourcing. C’est le credo d’Audrey Jacquetin, responsable RH et QHSE de BLANCHARD & BLAZQUEZ, entreprise familiale de la région lyonnaise. « Si l’on veut aboutir, il faut sortir du profil classique : 35 ans, dix ans de métier avec un bac pro minimum. » Depuis son arrivée, en 2019, elle a ainsi intégré avec succès plusieurs profils atypiques. Parmi eux, des candidats en reconversion qui travaillaient auparavant comme assureur, ingénieur en biochimie ou boucher.
Changer de voie : le déclic d’Ernest, ancien boucher
Boucher, c’est le métier qu’Ernest, 36 ans, a exercé pendant une dizaine d’années, principalement à la découpe dans un magasin des Boucheries André. à l’approche de la trentaine, il se pose des questions sur son avenir : « Je ne me voyais pas faire ce métier toute ma vie. » En bons termes avec son employeur, il négocie une rupture conventionnelle, qui lui permet de bénéficier d’un accompagnement de France Travail (ex-Pôle Emploi). Que faire d’autre ? Pour le savoir, Ernest effectue des stages dans différents domaines : mécanique auto, peinture, plomberie… C’est finalement ce métier qui l’emporte. « Je l’ai choisi pour sa technicité, la variété des outils à utiliser, explique-t-il. C’est celui qui a le plus éveillé ma curiosité. »
J’avais conscience que j’avais encore beaucoup à apprendre
Au terme d’une formation de huit mois à l’Afpa, il obtient son titre professionnel de plombier-chauffagiste. « Partant de zéro, j’avais conscience que j’avais encore beaucoup à apprendre », reconnaît-il. Il est ensuite recruté par un artisan habitué à travailler seul. L’expérience n’est pas concluante : d’un commun accord, ils se séparent. C’est là qu’il participe à un speed dating organisé par l’Afpa et voit sa candidature retenue par BLANCHARD & BLAZQUEZ.
Apprendre vite et bien : une intégration réussie grâce à la transmission
« Ce qui nous a plu chez lui, c’est son honnêteté, raconte Audrey. Il nous a dit : j'ai encore plein de choses à apprendre, j'ai besoin d'une entreprise qui me fasse confiance pour confirmer ce que j’ai appris à l’Afpa. » Il fait ses premières armes sur un chantier de rénovation en chauffage et sanitaire sous la houlette de Vincent, son premier chef d’équipe, puis de Michel, aujourd’hui à la retraite : « Ils m’ont beaucoup appris, assure Ernest. Avec eux, j’ai gagné deux ans d’apprentissage. » De cette première année, il conserve un souvenir cuisant :
Je me suis dit : soit tu y vas à fond, soit tu arrêtes
« Alors que j’avais été envoyé seul pour une intervention chez un particulier, je me suis retrouvé en difficulté sur un problème d’évacuation. La boîte a dû envoyer un collègue pour m’épauler… » Piqué au vif, il décide de mettre les bouchées doubles. « Je me suis dit : soit tu y vas à fond, soit tu arrêtes. » Sa détermination ne tarde pas à payer. « Avant, j’attendais qu’on m’explique comment faire, poursuit-il. J’ai compris qu’il fallait surtout que je regarde les gestes des compagnons expérimentés. »
Inclure des profils atypiques : un choix d’avenir pour le bâtiment
Depuis un an, Ernest est le référent principal d’un important chantier de rénovation d’un bâtiment tertiaire. Dans l’entreprise, tout le monde apprécie sa joie de vivre et son implication. à tel point, qu’il a été élu récemment membre unique du CSE. Audrey apprécie aussi le regard extérieur qu’il apporte : « Quand il parle avec ses collègues, il n’hésite pas à mettre en avant les avantages du secteur, dont certains ne se rendent pas forcément compte. »
J’apprécie le travail en équipe et la convivialité avec les autres corps de métiers
Comment Ernest se projette-t-il pour la suite ? Au début, il souhaitait évoluer vers le dépannage, mais il a pris goût à la vie de chantier : « J’apprécie le travail en équipe et la convivialité avec les autres corps de métiers. » Quant à Audrey, elle poursuit l’intégration de profils atypiques : après un ancien chargé de communication en 2022, elle va bientôt embaucher un ancien boulanger. »
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