
Rashid, réfugié afghan devenu plombier chauffagiste : un parcours exemplaire d’intégration par le travail
Quand on le voit aujourd’hui plaisanter avec ses collègues de travail, on a du mal à imaginer tous les obstacles que Rashid Ahmadi a dû surmonter avant d’en arriver là. Originaire de Ghazni, à 150 kms au sud-ouest de Kaboul, il a quitté son pays à l’âge de 14 ans. Comme beaucoup de ses compatriotes, il a pris la direction de l’Iran, où il a travaillé sur les chantiers : « Je devais couper les sacs de ciment en deux pour les porter », se souvient-il. Au terme d’un parcours d’exil, il arrive en France en mai 2017 et demande l’asile. Il est envoyé dans un centre d’hébergement en Bretagne et obtient le statut de réfugié fin 2018.
Un premier pas dans le bâtiment grâce à une formation dédiée aux réfugiés
Sa conseillère au CFA l’oriente vers la plomberie, un métier qui recrute. C’est ainsi qu’il se retrouve, début 2019, en apprentissage chez SATEL dans le cadre d’un CAP+, une formation en alternance de trois ans destinée aux jeunes réfugiés unique en France. Les débuts sont difficiles : « Je ne parlais pas bien le français, poursuit Rashid. J’ai dû apprendre rapidement tout le vocabulaire technique du métier. »
Un binôme de confiance : transmettre pour intégrer
Heureusement, il peut compter sur la bienveillance des compagnons de SATEL, et en particulier d’Ahmed, son tuteur. Lui-même issu de l’immigration – il est arrivé du Maroc il y a quelques années – le chef de chantier connaît les difficultés liées à l’exil. « Si tu veux apprendre le métier, reste avec moi, lui propose-t-il. Je prendrais le temps de t’expliquer. » Ensemble, ils montent des installations sanitaires dans des programmes neufs.
Il suffit de lui montrer les choses une fois ou deux !
Le travail plaît à Rashid, qui décide de prolonger sa formation par un bac pro de technicien en installation de systèmes énergétiques et climatiques. Il est encouragé par son tuteur, qui apprécie sa motivation : « Rashid veut toujours en savoir plus, et il comprend vite : il suffit de lui montrer les choses une fois ou deux ! » Aujourd’hui, à 26 ans, il est autonome dans son travail, a passé son permis de conduire, gère ses chantiers… Avide d’apprendre de nouvelles techniques, il prépare un BTS fluides-énergie-domotique.
J’ai envie de progresser et de m’intégrer dans la société française
« J’ai envie de progresser et de m’intégrer dans la société française », explique-t-il. à côté de son travail, il suit des cours d'informatique et continue à parfaire son apprentissage en français. Le week-end, Rashid aime faire du sport : foot, volley, tennis de table… « Mais j’ai dû ralentir car je me suis blessé il y a quelques mois… »

De l’apprenti discret au compagnon respecté
Pour Jean-Michel Gatel, le PDG de SATEL, ce parcours est une belle réussite. Quand le CFA lui a proposé d’intégrer un apprenti au profil atypique, il a d’abord hésité : « Je manquais de repères, reconnaît-il. J’ai donc signé une convention de stage de deux semaines et soumis le projet à mes équipes. » à l'issue de cette période d'essai, la réponse du conducteur de travaux et des chefs de chantier est unanime : « Ce jeune en veut, on va le former et l'accompagner. » Il confie alors l’apprenti à Ahmed, « qui l’a pris sous son aile comme un petit frère ». Depuis, Rashid a beaucoup progressé : « Il est devenu un compagnon comme les autres. » Il est désormais demandé par d'autres chefs de chantier… au grand dam d’Ahmed, qui râle pour la forme : « J'ai formé Rashid, et maintenant on me l'enlève : c'est pas cool ! »
Un modèle d’entreprise inclusive : SATEL mise sur la diversité
L’intégration de ce jeune réfugié est un motif de fierté pour toute l’entreprise : « Intégrer des gens différents fait partie de nos valeurs », rappelle Jean-Michel Gatel. L’entreprise a d’ailleurs été récompensée en 2019 lors des Trophées de l’entreprise inclusive organisés par le Mouvement des entreprises de France. Même son de cloche du côté du CFA Bretagne. « Les réfugiés sont des jeunes avec beaucoup de maturité, un grand respect et beaucoup de reconnaissance, assure Cécile Pellerin, chargée de mission. Et, franchement, dans nos centres, ils font un bien fou ! » Fort de ce succès, SATEL forme actuellement deux autres jeunes réfugiés… afghans eux aussi.
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