Le télétravail permet-il vraiment des économies d’énergie, d'électricité et de chauffage ?

Le télétravail, largement adopté durant la crise sanitaire du COVID-19, persiste comme nouveau modèle d’organisation du travail. Il permet notamment de limiter massivement les déplacements des travailleurs occupant un emploi de bureau, avec un impact réel sur les émissions de gaz à effet de serre. Mais sa démocratisation n’est pas non plus un modèle de vertu, puisqu’elle implique une hausse de la demande énergétique des foyers, surtout en période hivernale. Alors, le télétravail est-il bénéfique pour la maîtrise de l’énergie ? Voyons en détail ses impacts sur la consommation d’électricité et de chauffage dans cet article.

Métier
March 13, 2024

Impact environnemental et énergétique du télétravail

Un usage démocratisé, une forte incidence écologique

Le télétravail est désormais démocratisé dans la société française. En 2017, seuls 3% des salariés y avaient recours au moins une fois par semaine, alors qu’ils sont à présent plus de 85% à souhaiter pouvoir télétravailler à cette même fréquence. Ce changement de paradigme provoque des modifications comportementales profondes, qui rejaillissent sur l’organisation de la société.

Parmi celles-ci, on peut citer notamment son impact positif sur la consommation d’énergie liée aux transports, et principalement l’utilisation des véhicules personnels. Un constat qui s’avère logiquement plus prononcé en région (avec a priori 2 à 4 fois plus d’économies d’énergie réalisées par rapport à Paris, selon une expérimentation grandeur nature et toujours en cours, commandée par le Ministère de la Transition Energétique à l’ADEME et l’IFPEB).

Autre conséquence positive à la baisse de l’utilisation de la voiture : l’impact environnemental. Le travail à domicile s'est avéré être un outil efficace pour réduire les déplacements et, par conséquent, les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ainsi, il réduirait de 69 % le volume des déplacements et de 39% les distances parcourues, représentant une économie potentielle de 3.200 tonnes de CO2 par semaine, uniquement pour les trajets pendulaires en voiture​.

Analyse de la consommation d'électricité et de chauffage dans les ménages français

En contrepartie à cette baisse d’usage des transports, les salariés passent donc plus de temps chez eux. Cela induit nécessairement des changements significatifs dans la consommation d'énergie des ménages : c’est l’effet rebond. Point de départ de cette nouvelle tendance, le confinement du printemps 2020 a par exemple entraîné une hausse de 5 à 7 % de la consommation d'électricité par foyer, selon les équipes de Recherche & Développement d'EDF​​. Une augmentation qui s'explique notamment par l'utilisation accrue du chauffage et des appareils électriques en journée.

Cependant, la même étude de l’ADEME, citée plus haut, indique que cet effet rebond semble mineur par rapport aux économies effectuées : il coûterait en moyenne 1,4 kWh supplémentaire par jour de télétravail, et serait plus ou moins largement compensé sur les économies réalisées lors :

  • du trajet domicile-travail
  • des fermetures de sites liées aux jours de télétravail généralisés

Comparaison avec les économies d'énergie en entreprise

Car c’est bien sur ce dernier point que se trouve le potentiel de réduction le plus important : côté entreprise, le télétravail pourrait permettre une économie d'énergie située entre 20 et 30% !

Mais attention, cette réduction drastique s’inscrit uniquement dans le cadre d’un télétravail organisé et synchronisé, avec un ou plusieurs jours de fermeture complète du site, pour l’ensemble des travailleurs.

Autre raison à cela : les entreprises disposent souvent d’une meilleure gestion énergétique de leurs locaux, permettant des économies structurelles par rapport à une consommation éparpillée dans de nombreux foyers.

Répercussion des coûts pour les salariés

Ces mutations impliquent finalement des déplacements de coûts, et le télétravailleur se retrouve à devoir supporter de nouvelles charges, liées à la consommation énergétique de son logement. On l’a vu, a priori, l’impact du télétravail ne semble pas si important que cela d’un point de vue électricité et chauffage. En réalité, il est difficile d’estimer le coût réel de ces nouvelles dépenses, car elles impliquent un certain nombre de variables, telles que :

  • La surface du logement
  • Le type de chauffage utilisé
  • Les besoins en matériel
  • Les habitudes et comportements des occupants (les personnes présentes vont-elles faire la cuisine ? Le logement est-il chauffé en temps normal, du fait de la présence d’autres occupants ? etc.)

Concernant spécifiquement le coût du chauffage, si on pousse l’exemple à l’extrême (utilisation de 8 heures par jour pendant 20 jours de télétravail), un logement de 150 m² chauffé à l'électricité verrait sa facture augmenter de 48 euros par mois.

Alors, quelle est la responsabilité de l’employeur dans cette situation ?

Légalement, il n’est tenu que de prendre en charge la “quote-part des frais variables réellement supportés au titre du local affecté à un usage professionnel”, selon l’URSSAF.

Autre solution possible : le versement d’une allocation forfaitaire par nombre de jours de télétravail effectué par le salarié. Le montant (indicatif) fixé par l’URSSAF est de 10,40€ par mois pour la base d’un jour de télétravail par semaine, la décision finale d’indemniser ou non le salarié restant à la discrétion de l’entreprise.

Solutions CVC éco-énergétiques en réponse aux besoins actuels

Face à ces coûts supplémentaires, les salariés qui exercent une partie de leur activité en télétravail ont donc intérêt à s'interroger sur la bonne utilisation de leurs équipements CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation).

Ils peuvent notamment réfléchir à installer des systèmes de chauffages plus performants, mais aussi intégrer un ensemble de bonnes pratiques relatives à la qualité de l'air intérieur.

Un exemple de système de chauffage performant : la PAC air-air

Portée par le gouvernement, la pompe à chaleur fait office de solution miracle lorsque l’on cherche le bon système pour améliorer les performances de chauffage de son logement.

Parmi ses différentes déclinaisons, la pompe à chaleur air-air fonctionne en captant l’énergie de l’air extérieur pour chauffer l’habitat, même par temps froid. 

Avec un Coefficient de Performance Énergétique minimum de 3 (COP), ce système produit de l’énergie avec un facteur 3 par rapport à l’énergie utilisée pour fonctionner.

Plus concrètement, le cycle de la PAC air-air se présente comme suit :

  1. Évaporateur : le fluide frigorigène à basse température absorbe la chaleur de l'air extérieur et s'évapore.
  2. Compresseur : la vapeur frigorigène est ensuite comprimée, ce qui augmente sa pression et sa température.
  3. Condenseur : la vapeur à haute température cède sa chaleur à l'air intérieur de la maison et se condense en liquide.
  4. Détendeur : le liquide frigorigène est détendu, c'est-à-dire que sa pression et sa température diminuent, avant de retourner à l'évaporateur pour recommencer le cycle.

Bon à savoir : une pompe à chaleur air-air peut être couplée à une VMC. De cette manière, vous jouez sur les 3 tableaux du CVC en un seul système : ventilation, production de chauffage l’hiver et climatisation l’été. À la clé : jusqu’à 60% de dépenses de chauffage en moins !

Autre conseil simple et efficace pour réduire votre consommation de chauffage : assurez-vous d’un entretien régulier de votre chaudière le cas échéant, et d’une réduction du thermostat de 20° à 19°. Ces deux actions vous permettront d’économiser de 7% à 12%​​ d’énergie sur l’année ! Éteindre les appareils en veille représente également une source d'économie non négligeable, pouvant réduire la facture d'électricité de 300 à 500 kWh par an.

Une bonne ventilation, pour une productivité en hausse

Saviez-vous qu’il existe un lien réel entre confort thermique, qualité de l’air et productivité ?

Malheureusement, tout le monde ne joue pas à armes égales sur ce point. Par exemple, de nombreuses études révèlent des variations significatives sur la qualité de l’air, influencées par un certain nombre de facteurs, tels que :

  • la présence de CO2 en quantité trop élevée
  • la température
  • l'humidité relative
  • les particules fines
  • le formaldéhyde et les composés organiques volatils totaux (COVT)

La mauvaise qualité de l'air peut mener au "Sick Building Syndrom", affectant la santé et la productivité. D’autant que beaucoup de logements anciens en France ne disposent pas d’une installation suffisante, la présence d’un système de ventilation général et permanent n’étant obligatoire dans les logements individuels et collectifs que depuis 1969.

Bon à savoir : la norme NF EN 13779 informe sur les teneurs maximales en CO2 à ne pas dépasser pour une qualité de l’air modérée. À l’intérieur, ce taux est de 1000 ppm. Ces mesures sont facilement obtenables en se servant d’un détecteur ou mesureur de dioxyde de carbone.

Le sujet du renouvellement d’air vous intéresse ? Retrouvez notre article complet sur la vérification des installations de ventilation dans le cadre de la RE2020.

En conclusion : le télétravail, un bilan énergétique positif

Le premier chapitre de cet article nous a permis de constater que la hausse de la consommation d’énergie liée au télétravail est relativement marginale au vu des économies générales qu’il produit par ailleurs. De plus, l’efficacité énergétique ainsi que la sobriété doivent être placées encore plus au cœur des objectifs de notre société, si l’on souhaite conserver une trajectoire soutenable face aux objectifs climatiques de 2 degrés.

À travers ce constat, on peut espérer que le triptyque télétravail, solutions de chauffage à haut rendement et rénovation massive du bâti observe une expansion accélérée, et permette ainsi de limiter le montant de la facture énergétique pour les foyers français, tout en améliorant leur qualité de vie.

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