Pourquoi la pompe à chaleur fait du bruit ?
Les pompes à chaleur émettent un bruit lié à leur fonctionnement normal, non gênant en l’absence de pathologie ou de dysfonctionnement.
Parmi les différents modèles, les PAC géothermiques et hydrothermiques, qui puisent les calories dans le sol ou les nappes phréatiques, sont les moins bruyantes. Les PAC aérothermiques, air-air ou air-eau, émettent quant à elles du bruit, du fait de leur principe de fonctionnement. Ce sont pourtant les plus répandues chez les particuliers, en raison de leur coût, moins élevé que celui des systèmes géothermiques ou hydrothermiques, et de leur facilité d’installation.
Pourquoi ces modèles font-ils du bruit ? Les pompes à chaleur aérothermiques exploitent les calories de l’air extérieur pour générer de la chaleur dans le logement. Elles captent ces calories par l’intermédiaire d’une unité extérieure qui aspire l’air et abrite différents composants dont un ventilateur, principale source de vibrations et de bruit.
Pour encadrer les niveaux de bruits admissibles, la réglementation s’appuie sur une grandeur: la pression acoustique, dont la mesure donne une indication de ce que perçoit l’oreille humaine. La pression acoustique est mesurée en un point précis: elle diminue donc avec l’éloignement de la source sonore et dépend de l’environnement dans lequel se situe l’installation. Elle permet donc d’évaluer la gêne sonore liée au fonctionnement d’une pompe à chaleur pour l’être humain. On peut aisément la mesurer avec un sonomètre. A ne pas confondre avec la puissance acoustique de l’appareil qui quantifie sa capacité d’émission indépendamment de son environnement! La puissance acoustique des PAC se situe généralement entre 45 et 65 dB. Il s’agit d’une caractéristique intrinsèque de l’équipement.
Quelle est la réglementation sur les nuisances sonores liées aux PAC ?
La Loi définit les niveaux de bruits de voisinage admissibles dans l'Article R1336-7 du Code de la santé publique. Cet article donne des valeurs limites de niveaux de bruit en journée et la nuit : on parle de limite diurne entre 7h et 22h et de limite nocturne entre 22h et 7h du matin.
Ce niveau sonore est défini à travers la notion d’émergence globale : il s’agit de la différence entre le niveau de bruit ambiant, mesuré lorsque la pompe à chaleur est en fonctionnement, et le niveau de bruit résiduel, mesuré lorsque l’équipement est à l’arrêt. Le niveau de bruit mesuré est celui de la pression acoustique évoquée au précédent paragraphe, correspondant au niveau sonore perçu par l’oreille humaine en un point donné. L’écart maximum autorisé est de 5 dB(A) en journée et 3 dB(A) la nuit.
Les mesures de pressions acoustiques doivent être réalisées selon les principes de l’Arrêté du 5 décembre 2006 relatif aux modalités de mesurage des bruits de voisinage. Elles doivent ainsi respecter la norme NF S31-010 qui préconise notamment d’adapter les mesures d’émergence au type de bâtiment concerné :
- En maison individuelle, les mesures doivent être réalisées en limite de propriété ;
- En logement collectif, les pressions acoustiques doivent être mesurées dans les pièces à vivre, avec les fenêtres ouvertes puis avec les fenêtres fermées.
Une première mesure peut être réalisée à l’aide d’un sonomètre du commerce. Cependant, pour être recevables dans le cadre d’une plainte ou d’un conflit de voisinage, les mesures devront répondre en tout point aux exigences de la norme NF S31-010 (méthode de mesurage, choix et calibrage des appareils de mesure, intervalles de mesures, etc.). L’appel à un professionnel connaisseur de la norme est alors recommandé. Les mesures devront être faites de jour comme de nuit pour vérifier la conformité aux limites diurne et nocturne fixées parle Code de la santé publique.
Des prédispositions peuvent éviter d’en arriver à des cas extrêmes et de préserver la paix entre voisins. Des préconisations quant à l’implantation de la pompe à chaleur permettent d’éviter les niveaux de bruit problématiques. Des dispositifs techniques de lutte contre le bruit permettent également de réduire les nuisances sonores liées au fonctionnement normal des PAC aérothermiques.
Comment bien choisir l’emplacement d’une pompe à chaleur ?
Les installateurs sont sensibilisés à la question des nuisances sonores et sont tenus de respecter la réglementation relative aux bruits de voisinage. Le DTU 65.16 énonce des bonnes pratiques en matière d’installation de pompes à chaleur et définit des règles de l’art permettant d’optimiser le positionnement de la PAC. Ainsi, les professionnels veilleront à :
- Maintenir une distance minimale de l’équipement par rapport aux obstacles : 0,5m au moins côté aspiration et au-dessus de l’appareil et 1,5m au moins côté soufflage d’air et côté raccordements ;
- Installer la PAC sur un support sans liaisonfixe avec le bâtiment comme un socle d’inertie (socle béton) ou à défaut un châssis métallique ;
- Utiliser des dispositifs anti-vibratiles afin d’éviter la transmission des vibrations à l’origine des bruits.
L’AFPAC (Association Française pour les Pompes A Chaleur) propose des préconisations complémentaires, souvent de bonsens, pour limiter les nuisances sonores liées à l’implantation d’une PAC :
- Ne pas installer la PAC directement en limite de propriété ;
- Eviter d’implanter les PAC sous les fenêtres des pièces de vie ;
- Orienter les ventilateurs à l’opposé des habitations voisines ;
- Eviter d’installer la pompe à chaleur dans des angles ou des cours intérieures afin de limiter la réflexion sonore.
L’AFPAC conseille également de privilégier les professionnels estampillés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement).Cette distinction apporte une garantie sur les capacités du professionnel et constitue un prérequis pour l’obtention d’aides financières de l’Etat telles MaPrimeRénov.
Enfin, l’AFPAC a lancé en février 2024 un outil pédagogique disponible en ligne permettant d’évaluer le risque de gêne acoustique liée à l’installation d’une unité extérieure de pompe à chaleur. Utilisé en amont de l’implantation d’une PAC, il constitue un outil de prévention aidant à choisir un emplacement optimum. Il ne remplace en aucun cas l’étude d’un installateur mais permet de sensibiliser les particuliers au sujetdes nuisances sonores et de leur fournir des orientations.
Le choix d’emplacement de la pompe à chaleur est fondamental dans la prévention des nuisances sonores qui peuvent être associées à ces appareils. Des dispositifs existent cependant pour agir en amont ou a posteriori contre un niveau de bruit indisposant.
Comment réduire le bruit d’une pompe à chaleur ?
Si l’emplacement de la pompe à chaleur ne permet pas de respecter les limites fixées par la réglementation en termes de bruit admissible ou si une gêne sonore est constatée, l’installation de dispositifs techniques réduisant les nuisances reste possible.
En fonction du niveau d’émergence globale mesuré, différentes solutions permettent d’agir sur le niveau de bruit émis par la PAC afin de l’atténuer :
- Pour une émergence globale entre 4 et 5 dB(A), sans dépassement de la limite nocturne, un dispositif absorbant suffit et peut être mis en place directement sur le mur contre lequel est installée la pompe à chaleur. La surface de la plaque du matériau absorbant devra être supérieure à celle de la PAC. Si celle-ci est positionnée dans un coin, les deux murs devront être traités.
- Entre 6 et 10 dB(A), un écran acoustique pourra être installé afin de réduire la transmission acoustique. Les talus de terre, lorsque cela est possible, constituent par exemple des écrans naturels efficaces et sont une alternative intéressante aux écrans du commerce. Là encore, la surface de l’écran devra être supérieure à celle de la PAC. Il sera positionné au plus près de l’équipement.
- Entre 11 et 25 dB(A), l’encoffrement de la pompe à chaleur dans un caisson anti-bruit devra être envisagé afin d’absorber les bruits dans toutes les directions. Mis en œuvre dans les règles de l’art, ce dispositif peut atténuer les émissions sonores jusqu’à 25 dB(A).
Ces dispositifs, plus ou moins onéreux en fonction du niveau sonore à atténuer, permettent de retrouver des niveaux d’émergence globale admissibles au sens de la Loi.