À l'heure du réchauffement climatique et des bouleversements occasionnés sur la planète, on assiste en parallèle à une flambée des prix de l'énergie. Cette hausse inédite est liée à plusieurs facteurs : pandémie et problèmes d'approvisionnement des matières premières, reprise de l'activité post-confinements, guerre en Ukraine, vieillissement des parcs nucléaires (près de la moitié des réacteurs sont en arrêt), ce qui augmente la dépendance énergétique de la France. C'est dans ce contexte tendu que des mesures impactantes sont initiées pour agir sur les économies d'énergie et la transition énergétique.
Mais la transition énergétique n'est pas uniquement synonyme de contraintes à adopter du fait des décisions du législateur. Intégrée dans une stratégie globale, elle représente également un levier d'attractivité au niveau du territoire et des collectivités locales, de l'entreprise, mais aussi des citoyens « consom'acteurs ». Notre analyse.
Les notions phares de la transition énergétique
Définition
La transition énergétique est le mouvement qui consiste à abandonner progressivement les énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, afin de faire face à l’épuisement des ressources, lutter contre le dérèglement climatique, et réduire la dépendance de la France à certains types d’énergie.
Le mix énergétique
Il permet de chiffrer la répartition des différentes sources d’énergies primaires, énergies fossiles, énergies renouvelables, énergie nucléaire qui sont nécessaires pour répondre aux besoins énergétiques d’une zone géographique. La diversification des sources d'énergie favorise la transition énergétique, avec pour effet de limiter progressivement les énergies les plus polluantes.
En ce qui concerne la consommation, le mix énergétique se répartit comme suit, en 2021 : nucléaire (40%), pétrole (28%), gaz naturel (15%), énergies renouvelables (14%), charbon (3%).
Du côté de la production électrique, il est possible de suivre en temps réel les filières d'énergies utilisées : le nucléaire (63%), le gaz (14%), l'éolien (10%), l'hydraulique (6%), le charbon (3%), les bioénergies (1%), le solaire et le fioul (taux non significatifs).
L'objectif, d'ici 2030, est d'augmenter la part des énergies renouvelables en faisant en sorte que 40 % de la production d'électricité soit issue des EnR.
L'efficacité énergétique
La directive européenne sur l'efficacité énergétique répond aux objectifs de transition écologique, visant à moins de rejets polluants dans l'atmosphère et à une consommation maîtrisée et plus efficiente. Cette maîtrise de l'énergie contribue à limiter la dépendance à l'égard des énergies fossiles, qui ne sont pas infinies, et participe à l'essor des énergies renouvelables.
Il s'agit donc de réduire le recours aux énergies fossiles (charbon, pétrole, fioul, gaz naturel), qui sont à l'origine des émissions de gaz à effet de serre (GES), et d'investir dans les énergies renouvelables ou EnR (méthane, énergie hydraulique, énergie éolienne, énergie solaire photovoltaïque, biomasse, géothermie, biogaz). En résumé, être efficace énergétiquement, c'est consommer moins et mieux !
Les objectifs des politiques énergétiques et écologiques
La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 17 août 2015 comprend différentes mesures pour contribuer à la lutte contre le changement climatique et à la préservation de l’environnement, ainsi que pour diversifier les sources d'énergie afin de renforcer l'indépendance énergétique de la France.
Une programmation pluriannuelle des énergies renouvelables :
La LTECV a également créé, par un arrêté publié en 2016, la programmation pluriannuelle des énergies renouvelables (PPE). La PPE décline pour deux périodes de cinq ans les priorités d'action en matière de politique énergétique et de la gestion des pouvoirs publics. Parmi les thématiques abordées figurent notamment la sécurité de l'approvisionnement, la production d'énergie au niveau local, le développement de réseaux intelligents et l'autoproduction, la mobilité propre, etc.
Parer aux urgences climatiques :
La LTECV est également renforcée par la loi Énergie-Climat du 9 novembre 2019, adoptée suite à l’Accord de Paris signé en 2015, lors de la COP21, pour répondre à l'urgence climatique et aux besoins écologiques impérieux.
Les principaux objectifs fixés par ces textes sont de :
- diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre en 2050, par rapport à 1990 (- 40 % entre 1990 et 2030)
- réduire la consommation d’énergie finale de 50 % en 2050, par rapport à 2012
- lutter contre la précarité énergétique
- atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050 (accord de Paris)
- cesser progressivement le recours aux énergies fossiles et développer les énergies renouvelables
- ramener la part du nucléaire à 50 % de la production d'électricité à l'horizon 2025
- lutter contre les passoires thermiques
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a imposé aux EPCI de plus de 20 000 habitants l'élaboration d'un plan climat-air-énergie territorial (PCAET, ex-PCET), en y ajoutant les enjeux de la qualité de l'air.
Les collectivités voient donc leur rôle renforcé dans la lutte contre le changement climatique et sont amenées à décliner la stratégie nationale sur leur périmètre. Elles doivent réaliser notamment un bilan carbone et un inventaire des émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire.
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Quelles actions mettre en œuvre ?
La lutte contre le réchauffement climatique passe par différentes actions, sur le plan collectif et individuel, afin de faciliter la transition énergétique.
La sobriété énergétique
La sobriété énergétique consiste d'abord à surveiller sa consommation électrique et à réduire sa consommation d'énergie en général. Chaque citoyen peut, à son niveau, réduire les émissions de gaz à effet de serre. Toutes ces actions permettent de réduire considérablement la consommation énergétique finale.
Quels sont les secteurs les plus énergivores ?
Comparer la consommation des différents secteurs, certains plus énergivores que d'autres, permet de comprendre les mesures gouvernementales. Ainsi, en 2020, la répartition de la consommation finale énergétique s'élevait à :
- 46 % dans les secteurs résidentiel et tertiaire
- 32 % dans les transports
- 19 % dans l’industrie
- 3 % dans l’agriculture
Les actions pour réaliser des économies
Dans le secteur résidentiel, la politique de rénovation énergétique commence par l'obligation du diagnostic de performance énergétique d'un logement pour mesurer sa consommation énergétique et ses émissions de GES. Cette politique se poursuit avec l'interdiction à la location des passoires thermiques.
Des aides, comme le crédit d'impôt, sont proposées pour effectuer des travaux de rénovation énergétique. Au final, une bonne isolation de l'habitat réduit considérablement la facture. De plus, pour lutter contre la précarité, des chèques énergie sont mis en place pour soutenir les ménages les plus modestes.
Améliorer la performance énergétique
Dans le secteur de l'habitat, des initiatives sont lancées en faveur de la construction de bâtiments basse consommation ou encore de maisons à haute performance environnementale ou à énergie positive, permettant l'autoconsommation.
D'autres possibilités existent pour optimiser la performance énergétique : l'installation de pompes à chaleur, de chaudières à condensation, de panneaux solaires, l'achat d'une voiture électrique, le développement de biocarburants... et tout ce qui consiste à augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation comme dans la production.
En ce qui concerne le secteur des transports, il est possible de mettre en place des plans de mobilité durable ou encore d'acquérir des véhicules électriques ou hybrides. Du côté de l'industrie, les priorités s'orientent, entre autres, vers la diminution des activités polluantes, la lutte contre le gaspillage, l'utilisation et le développement d'énergies vertes.
Un levier d'attractivité à différentes échelles
Les éco-gestes sont désormais intégrés au niveau individuel et les bonnes pratiques du développement durable font partie du quotidien. Cependant, de nombreuses actions en faveur de la transition énergétique en France restent à mener au niveau territorial et industriel. C'est la combinaison de ces actions qui contribuera à l'atteinte des objectifs fixés par la loi (LTECV), tout en renforçant l'attractivité des parties prenantes.
Au niveau du pays
La France se situe en 6e position dans le classement des pays les plus attractifs pour leur recours aux énergies renouvelables.
L'investissement dans les énergies propres
Pour maintenir son niveau d'attractivité, le pays bénéficie notamment du plan France relance 2020-2022, avec un budget de 30 milliards d’euros pour l'accélération de la transition énergétique et la croissance durable. Environ 9 milliards sont consacrés à la décarbonation de l’industrie et de l’énergie (dont l'hydrogène vert), ainsi qu’à la recherche et au développement dans le domaine des technologies vertes. 7 milliards d’euros sont également dédiés à la rénovation énergétique des bâtiments.
Une dynamique d'indépendance de production
Avec les conséquences de la guerre en Ukraine et l'explosion des tarifs de l'énergie, la France vise davantage d'indépendance énergétique et économique. Le pays souhaite ainsi accélérer ses activités de production, au niveau de l'énergie durable, tout comme des matières premières, qui continuent de manquer. L'un des moyens utilisés pour atteindre ces objectifs est le plan France relance, qui a initié une dynamique de réindustrialisation et de relocalisation, susceptible d'attirer les investisseurs.
La création d'emplois supplémentaires
La forte progression des relocalisations, de + 30 en 2020 à + 87 en 2021, s'est accompagnée de 120 créations d'usines nouvelles en 2021 (176 créations et 56 fermetures), un record ! Une dynamique qui a accéléré la création d'emplois de + 4,5 %.
Au niveau des collectivités territoriales
Les collectivités territoriales jouent également un rôle de coordination des acteurs locaux sur la question de la transition énergétique. Pour rester attractives, il leur revient de continuer à sensibiliser à l'écologie, à la préservation de la biodiversité, à la maîtrise de la consommation d'énergie ou encore à la réduction des émissions de CO2. Elles peuvent ainsi être force de proposition sur l'éclairage public responsable, la mobilité propre, la rénovation des bâtiments et la construction durable etc.
Un relais de la stratégie nationale
Pour lutter contre le réchauffement climatique, la collectivité doit favoriser l'adaptation au changement climatique. Elle peut en particulier inciter les entreprises de son territoire à recourir aux énergies renouvelables, les aider à envisager leur activité sous le prisme de la transition énergétique, avec des objectifs à moyen et à long termes. Elle dispose pour ce faire de différents leviers comme l'appel à projets, pour valoriser les entreprises responsables et soutenir celles qui souhaitent développer les énergies renouvelables et des activités économiques durables. Les appels d'offres représentent également un moyen d'action efficace pour inciter aux innovations territoriales, à l’entrepreneuriat, et à la création d’emplois et de richesses.
La création de valeur au niveau local
L’appropriation des enjeux énergétiques participe à l'attractivité du territoire et à son dynamisme socio-économique. En effet, utiliser les énergies renouvelables et, surtout, les produire au niveau local, profite à toutes les parties prenantes : collectivité, entreprises, commerçants, consommateurs.
Une transition bien intégrée participe à la maîtrise de l'énergie et, avec un coût moindre au final, apporte des services supplémentaires aux citoyens, dynamisant le tissu économique local. De plus les collectivités bénéficient d'un retour sur investissement à moyen terme, en gardant leurs richesses sur le territoire, au lieu de les laisser s'échapper.
Les démarches collectives de labellisation permettent également de valoriser les acteurs locaux et l'ancrage territorial, renforçant ainsi le dynamisme et l'attractivité.
Au niveau des entreprises
Suivant les principes de l'économie circulaire, de nombreuses entreprises ont intégré dans leur RSE des mesures pour l'environnement, mais aussi pour une production et une gestion responsables.
Une RSE facilitatrice
Recyclage, éco-conception, achats responsables, plan de mobilité durable, limitent l'impact environnemental tout en permettant de réaliser des économies d'énergie et de maîtriser l'augmentation des coûts. Par exemple, une stratégie d'achats durables, intégrée à la RSE, répond à la fois à des enjeux environnementaux et économiques : elle privilégie les fournisseurs et les partenaires locaux, tout en réduisant les coûts liés au transport, à la logistique et aux stocks.
Un développement de la compétitivité
En poussant plus loin cette politique énergétique, avec le développement des EnR dans les processus de production, l'entreprise œuvre en faveur de l'innovation et de la performance énergétique, tout en renforçant sa compétitivité, avec l'accès à de nouveaux marchés. Enfin, l'attractivité de son image de marque auprès des clients s'en trouve renforcée, ainsi que celle de sa marque employeur auprès des candidats.
Si la transition énergétique est engagée et source d'engagement, le chemin à parcourir est encore long. Les collectivités et les entreprises peuvent se faire accompagner par l'ADEME dans leur programme énergétique. À chacun de continuer d'agir, à son échelle, dans l'intérêt collectif.