Traitement de l’air : zoom sur les filtres

Performance, coût d’exploitation, règles de l’art : tout ce qu’il faut savoir pour bien choisir le filtre d’une centrale de traitement d’air. Sans oublier l’entretien.

Métier
November 15, 2022

La qualité de l’air intérieur est devenue une question de santé publique. Pour répondre à cette préoccupation, on attend des systèmes de traitement d’air qu’ils filtrent des particules toujours plus fines. Quelles conséquences en termes de consommation, de coût, d’entretien ? Comment choisir son filtre en fonction de la durée d’occupation et du degré de pollution de l’air ? Rappel de quelques principes clés.

Efficacité du filtre et consommation d’énergie

Un filtre est d’autant plus efficace que son maillage est serré. Mais plus il est fin, plus il oppose une résistance au passage de l’air, créant ainsi une perte de charge que le ventilateur doit compenser en consommant plus d’électricité (1 euro de plus sur la facture par pascal supplémentaire, selon les fabricants). On comprend mieux pourquoi les filtres à haute efficacité (du type EPA, HEPA et ULPA) sont réservés à des applications agroalimentaires ou médicales.

Face à cette contrainte, les fabricants ont développé une nouvelle génération de filtres qui limitent la perte de charge sans sacrifier l’efficacité de filtration. La couture conique des poches de ces filtres favorise le passage de l’air, ce qui permet d’exploiter la surface maximale du filtre (voir schéma ci-contre). Plus chers à l’achat, ces filtres « optimisés » se révèlent plus économiques si l’on prend en compte la totalité des coûts d’exploitation. Selon les fabricants, la consommation électrique du ventilateur liée au filtre représente à elle seule 70 % de ces coûts ; à cela, il faut ajouter le coût d’achat d’un filtre neuf (15 %), le coût lié au nombre de remplacements annuels et aux arrêts de production associés (13 %) et le coût lié au recyclage et au traitement des déchets (2 %).

En résumé

Pour améliorer la filtration de l’air sans faire de concession sur la consommation d’énergie, voici la méthode à suivre :

  1. Sélectionner les modèles de filtres permettant d’obtenir la qualité de l’air neuf souhaitée.
  2. Choisir le filtre qui consomme le moins selon les informations disponibles  :
  • Perte de charge moyenne la plus faible (en pascal)
  • Consommation énergétique annuelle (en kWh/an) la plus faible (proportionnelle à la perte de charge moyenne)
  • Ou, pour les filtres certifiés, la meilleure classe énergétique disponible

Une équipe dédiée assurera l’implémentation, la formation, l’accompagnement et le support de vos utilisateurs. Enfin, la mutualisation des coûts permet de vous proposer un prix de licence très concurrentiel mais aussi une économie substantielle sur les développements en cours et à venir (connecteurs compta, ERP, par exemple).

Le point sur la nouvelle classification des filtres

Une nouvelle norme internationale (ISO 16890:2016) est venue chambouler le jargon métier. Les classes – G3/G4 pour «grossier», M5/M6 pour « moyen » et F7/F8/F9 pour « fin » – ont ainsi fait place à une indication de type ISO ePM2,5 70 %, plus précise. Le tableau d’équivalences proposé par l’AICVF indique ainsi qu’un filtre F7 pourra être remplacé par un filtre étiqueté ISO ePM1 60 %, ISO ePM2,5 70 % ou encore ISO ePM10 85 %. Pas de panique, pour une transition en douceur, fabricants et maîtres d’œuvre pratiquent le double affichage dans les catalogues et les CCTP !

Comment lire les nouvelles classes ?

La nouvelle classification permet de connaître l’efficacité du filtre selon trois tailles de particules fines : PM10, PM2,5 et PM1. Décryptage avec, par exemple, la classe ISO ePM2,5 80 %.

  • ISO rappelle que la classification correspond à la nouvelle norme ISO 16890
  • ePMx désigne l’efficacité vis-à-vis des particules en suspension de taille x : ePM1 pour les particules de taille comprise entre 0,3 et 1 µm, ePM2,5 pour 0,3 à 2,5 µm et ePM10 pour 0,3 à 10 µm
  • 80 % correspond à l’efficacité de filtration (arrondie au multiple de 5 inférieur : 84 % est arrondi à 80 %)

    La classe ISO retenue pour le filtre est celle pour laquelle l’efficacité est supérieure ou égale à 50 %, c’est-à-dire qu’au moins 50 % des particules sont retenues par le filtre. Si un filtre a une efficacité de 40 % vis-à-vis des particules PM1 et de 80 % pour les particules PM2,5, alors c’est l’efficacité ISO ePM2,5 80 % qui sera affichée.
    Lorsque le filtre ne permet pas de retenir les particules fines (ISO ePM10 <50 %), il est appelé filtre grossier (classe « ISO Coarse » en anglais). En général ces filtres grossiers sont utilisés pour protéger les composants (ventilateur, échangeur, etc.) et retarder le colmatage du filtre fin (et donc son remplacement).

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Quel filtre pour quel usage ?

Dans les années 1980, le Code du travail préconisait un niveau de filtration G4 côté entrée d’air et F5 en recyclage. Aujourd’hui, il précise simplement qu’il faut « un système de filtration de l’air neuf » (art. R4212-5). En l’absence d’exigences réglementaires, les fabricants de centrales de traitement d’air se basent sur les normes européennes pour leur offre de filtres.

La norme EN 16798-3:2017, relative à la performance énergétique et à la ventilation des bâtiments non résidentiels, précise les classes de filtres minimales recommandées pour obtenir une qualité de l’air « neuf » en fonction du niveau de pollution de l’air extérieur. Ainsi, pour une crèche installée dans une ville très polluée, il sera nécessaire d’installer deux étages de filtres à particules fines et un filtre à gaz (voir le tableau ci-dessous).

Plus récente encore, la norme EN 13053:2019, spécifique aux centrales de traitement d’air, préconise désormais une efficacité ISO ePM1 50 % comme exigence minimale pour l’air fourni dans le bâtiment ainsi que l’installation d’un préfiltre (minimum ISO ePM10 50 %) sur l’extraction d’air. Elle recommande aussi la valeur de perte de charge au-delà de laquelle le filtre doit être changé.

Classes de filtres minimales recommandées pour des applications de ventilation générale

1 SUP : pour « supply air », c’est-à-dire l’air fourni (obtenu après traitement par le filtre). 2 ODA : pour « outdoor air », c’est-à-dire l’air extérieur. 3 : deuxième étage de filtration. 4 : conforme à la norme EN ISO 10121. (Source : Tableaux 17 et B.3 de la norme NF EN 16798-3)
(source : Nomre EN 13053, Camfil)

Performances et entretien des filtres

En l’absence de pressostat ou de dispositif d’alarme indiquant le moment optimal pour changer le filtre, il est conseillé de procéder à un contrôle visuel du filtre et à une mesure de la perte de charge au moins une fois par an. La bonne étanchéité du montage (absence de fuites) devra être vérifiée par la même occasion. Même si la perte de charge maximale admissible n’est pas encore atteinte, si une fuite ou un dommage est constaté il faut remplacer le filtre. Dans tous les cas, il est conseillé de suivre scrupuleusement les instructions d’entretien données dans la notice de la CTA, faute de quoi la garantie constructeur ainsi que la déclaration de conformité pourraient être remises en cause.

En savoir plus ?

En quoi consiste le traitement de l’air ? 

Le traitement de l'air fait référence à toutes les méthodes utilisées pour améliorer la qualité de l'air intérieur dans un espace clos. L’air neuf introduit dans le bâtiment est ainsi filtré pour éliminer les particules en suspension telles que la poussière, les allergènes et les polluants atmosphériques, son humidité peut également être régulée (primordial pour les établissements de santé et les procédés industriels), et dans le cas d’un système de ventilation double-flux l’air neuf est aussi réchauffé/refroidi par échange thermique avec l’air sortant. En somme, le traitement de l'air vise à créer un environnement intérieur plus sain pour les occupants mais aussi à assurer des caractéristiques de l’air entrant adaptées à l’usage du bâtiment.

Pourquoi traiter l’air intérieur ?

La qualité de l'air intérieur (QAI)est fortement influencée par celle de l’air extérieur.  Ce dernier peut être très fortement pollué, surtout en période de forte chaleur et dans les zones urbaines à forte circulation. Mais l’air extérieur n’est pas le seul à blâmer quand la QAI est mauvaise…

En effet, dans des espaces clos, on trouve généralement un certain nombre de polluants plus ou moins dangereux pour la santé : pollen, acariens, squames d'animaux, produits de nettoyage, colles et solvants présents dans les peintures, les meubles et les revêtements de sol, moisissures, bactéries, champignons, virus, fumée de cigarette, bougies/encens, parfums d’intérieur, etc. Dans une maison, un poêle ou une chaudière bois mal entretenus peuvent également émettre des particules fines nocives pour la santé. Au travail, les polluants peuvent dans certains cas être plus abondants et plus toxiques. Les travailleurs des salons de manucure, par exemple, sont constamment exposés à l'acétone et à d'autres produits chimiques. Les travailleurs de la construction ont pendant longtemps été exposés aux particules d'amiante, qui sont aujourd'hui connues pour être très cancérigènes. Le personnel soignant et les patients dans les hôpitaux sont également exposés à des agents pathogènes aériens dangereux.

Assainir l’intérieur d’espaces clos est donc indispensable pour la santé et le bien-être des occupants. En effet, un intérieur non assaini peut causer des problèmes de santé tels que des allergies, des problèmes respiratoires et des maladies plus ou moins graves.

En traitant l’air, on peut réduire la présence des polluants et améliorer la qualité de l'air que l'on respire.

Au-delà des avantages pour la santé, un intérieur sain peut également contribuer à créer un environnement plus agréable à vivre. Des études ont démontré qu’un espace de vie ou de travail propre et bien entretenu peut aider à améliorer le bien-être des occupants, la concentration des élèves en classe et même la productivité des travailleurs.

Comment améliorer la qualité de l’air intérieur dans ma maison ?

Il est possible de réduire la pollution de l'air intérieur en adoptant de bonnes pratiques d'aération et de ventilation naturelle, en utilisant des produits ménagers écologiques, en contrôlant l'humidité et la température de la maison, en limitant l'utilisation de produits chimiques et en installant des systèmes de traitement de l'air. Voici quelques conseils pour améliorer la qualité de l'air intérieur :

  • Observer les signes de mauvaise qualité de l'air intérieur, tels que des odeurs désagréables, des moisissures visibles, des symptômes de maladies respiratoires chez les occupants de la maison
  • Aérer matin et soir en ouvrant grand les fenêtres une dizaine de minutes
  • Faire entretenir son système de chauffage par un professionnel en accord avec la réglementation en vigueur (obligatoire une fois par an pour une chaudière par exemple)
  • Nettoyer régulièrement le entrées d’air et les bouches de ventilation (regarder la fréquence recommandée parle fabricant) et ne jamais les boucher
  • Penser à remplacer les filtres
  • Faire entretenir sa VMC par un professionnel au moins tous les 3 ans (recommandations de l'ADEME)
  • Veiller à ce qu’il y ait un espace suffisant sous les portes intérieures (détalonnage) pour que l’air circule bien entre les pièces
  • Limiter autant que possible les activités qui émettent des COV: ne pas allumer de bougies ou d’encens ni utiliser de parfum d’intérieur, préférer le nettoyage vapeur et les chiffons humides aux produits chimiques pour le nettoyage des vitres, utiliser des produits managers naturels ou écologiques, etc.
  • Lors de travaux de réaménagement de la maison privilégier des peintures, revêtements de sol et meubles qui émettent peu de COV (étiquette A+)
  • Activer la hotte de cuisine et faire sécher le linge en extérieur pour limiter les excès d’humidité

Comment entretenir les filtres à air ?

Les filtres à air doivent être remplacés régulièrement pour maintenir leur efficacité. La fréquence de remplacement dépend du type de filtre et de l'environnement intérieur.

Il est généralement possible de remplacer les filtres à air soi-même, mais il est recommandé de suivre les instructions du fabricant et de s'assurer que le filtre est compatible avec le système de ventilation de la maison. Pour un résultat optimal, il est recommandé de faire appel à un professionnel pour l'installation et l'entretien des filtres à air.

Il est également recommandé de nettoyer régulièrement les grilles d'admission d'air et les bouches d'aération pour éviter l’encrassement et l'accumulation de poussière et de saleté.

Qui peut aider à améliorer la qualité de l'air dans sa maison ?

Les entreprises de ventilation peuvent vous conseiller si vous souhaiter installer ou remplacer un système de traitement de l'air. Vous pouvez également leur en confier l’entretien. Il est recommandé de choisir des professionnels expérimentés et qualifiés pour assurer une intervention efficace et sérieuse.

Comment choisir un filtre à air adapté à ses besoins ?

Pour choisir un filtre à air adapté à ses besoins, il est important de prendre en compte le type de polluants que l'on souhaite éliminer, la taille de la pièce à traiter, le système de ventilation de la maison, le niveau de bruit souhaité et le coût d'achat et d'entretien du filtre.

Comment savoir si un filtre à air est efficace ?

La performance d'un filtre à air peut être mesurée en fonction de son taux de filtration des particules(efficacité de filtration) et de son débit d'air (efficacité énergétique). Les filtres à air les plus efficaces ont une efficacité de filtration élevée pour les particules les plus petites et un débit d'air suffisant pour assurer une bonne circulation de l'air. Ces informations sont disponibles dans la documentation du fabricant. Pour s’assurer de l’exactitude des performances annoncées il est préférable de choisir des filtres certifiés par un organisme indépendant accrédité.

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