Quels sont les risques d’un mauvais réglage de la température d’eau chaude sanitaire ?
Une température d’eau chaude sanitaire trop faible ou trop élevée peut représenter un risque pour la santé ou la sécurité des personnes. Une grande vigilance doit ainsi être de mise, chez les professionnels du secteur de la plomberie notamment, dans le mitigeage de l’ECS afin d’éviter :
- Le développement de légionelles à l’intérieur des ballons d’eau chaude et des circuits de distribution. Sous une température de 50°C, le risque de voir ces microorganismes proliférer est avéré, leur capacité de développement étant étroitement liée à la température de l’eau. Ces bactéries peuvent causer une infection respiratoire, possiblement aigue voire mortelle : la légionellose.
- Le risque de brûlure, notamment des enfants, plus sensibles à la chaleur de l’eau que les adultes, et des personnes âgées, au temps de réaction plus long face au danger d’une eau surchauffée. Cinq secondes d’exposition à de l’eau à 60°C suffisent à provoquer des brûlures profondes de la peau d’après l’Agence Régionale de Santé (ARS).
- La formation de tartre dans les ballons et les circuits, favorisée par une température de l’eau supérieure à 60°C. Les dépôts de tartre ralentissent les temps de chauffe de l’eau chaude sanitaire et sont ainsi à l’origine de dérèglements des chauffe-eau et de surconsommations énergétiques.
- Les surconsommations d’énergie. Surchauffer l’ECS engendre des consommations d’énergie inutiles.
On comprend donc que le mitigeage de la température de l’eau chaude sanitaire doit idéalement se situer dans une fourchette de 50 à 60°C dans les circuits de production comme dans les circuits de distribution, afin de garantir la sécurité sanitaire et physique des utilisateurs ainsi que la durabilité des équipements. Mais qu’en dit la réglementation ?
Quelles sont les obligations réglementaires en matière de température d’eau chaude sanitaire ?
La limitation du risque de brûlure et la maîtrise du développement des légionelles présentent des enjeux de santé publique auxquels la Loi s’est intéressée depuis la publication de l’Arrêté du 23 juin 1978 relatif aux installations fixes destinées au chauffage et à l'alimentation en eau chaude sanitaire des bâtiments d'habitation, de bureaux ou recevant du public (ERP).
Modifié en 2005, cet arrêté prévoit plusieurs limites de températures à respecter au niveau des points de puisage (douches, lavabos, éviers de cuisine), des ballons de stockage et du réseau de distribution. Ces limites sont comprises entre 50 et 60°C, selon les volumes stockés et l’usage prévu de l’ECS. Il s’agit d’objectifs de résultat.
Ainsi, le réglage des températures d’eau chaude sanitaire doit se conformer aux limites basses et hautes suivantes :
- Une température minimale de 50°C en tout point du réseau de distribution, à l’exception des tubes finaux d’alimentation des points de puisage de volume inférieur ou égal à 3 litres ;
- Une température minimale de 55°C pour les ballons de stockage de volume supérieur ou égal à 400 litres ;
- Une température maximale de 50°C aux points de puisage des pièces destinées à la toilette (douches, baignoires et lavabos des salles de bain et sanitaires) ;
- Une température maximale de 60°C aux points de puisage dans les autres pièces.
Les limites hautes ont logiquement pour objectif de limiter les risques de brûlures tandis que les limites basses ont vocation à éviter le risque de légionellose. Dans le respect de la réglementation en vigueur et dans un souci d’économie d’énergie, l’ADEME (agence de la transition écologique)conseille aux particuliers de régler la température de leur chauffe-eau entre50 et 55°C.
Dans certains contextes sanitaires particuliers, comme les établissements sociaux et médico-sociaux d'hébergement pour personnes âgées où les légionelles représentent une menace significative, des précautions complémentaires peuvent être appliquées :
- Dans les EHPAD, les établissements de santé et les ERP, la consigne est de maintenir l’eau à une température élevée dans le circuit de distribution et de mitiger le plus près possible des points de puisage afin de limiter le risque lié à la prolifération de légionelles.
- Une note ministérielle de 2009 relative aux établissements médico-sociaux d’hébergement des personnes âgées et en situation de handicap interdit quant à elle le mitigeage centralisé, toujours pour lutter contre le risque bactérien et la légionellose.
La prévention de la légionellose est un enjeu de santé public pris en considération dans tous les contextes à risques. Les obligations par type d’établissement sont régulièrement mises à jour par le Ministère de la Santé pour une limitation du risque d’infection dans les logements, bureaux et ERP mais aussi dans les spas, les thermes ou encore dans l’hôtellerie.
Enfin, dans les cuisines et les buanderies des ERP, la température de l'eau distribuée pourra être réglée au maximum à 90 °C au niveau de certains points devant faire l'objet d'une signalisation spécifique.
Quelles sont les solutions pour respecter les températures d’ECS réglementaires ?
Plusieurs solutions techniques peuvent être envisagées pour respecter les températures d’eau chaude sanitaire réglementaires. Elles diffèrent parleur niveau de technicité, leur efficacité et leur coût :
- Un dispositif limiteur de température peut être installé en sortie de production d’ECS. Cet équipement présente l’avantage d’un coût peu élevé. La limitation de la température en sortie de ballon d’eau chaude n’est toutefois pas sans risque : elle peut favoriser la prolifération des légionelles dans le réseau de distribution.
- Au niveau des points de puisage, plusieurs solutions sont envisageables. L’utilisation de robinets mitigeurs thermostatiques assure une protection complète contre les brûlures et contre la prolifération des légionelles. C’est la solution la plus fiable et la plus efficace mais aussi la plus onéreuse. Facile d’utilisation, le robinet mitigeur thermostatique délivre une eau à 38°C grâce à une butée de température préréglée. Une alternative moins coûteuse consiste en le réglage de la butée des disques de cartouche des robinets mitigeurs mécaniques. Il faut cependant bien avoir à l’esprit que toute modification du réglage de la température de l’ECS au niveau de la production d’eau chaude nécessitera un réajustement complet des réglages opérés.
Le NFDTU 60.1 relatif à la plomberie sanitaire pour bâtiments détaille dans sa première partie les spécifications de mise en œuvre des appareils de production d’eau chaude sanitaire et de réalisation des travaux de canalisations en ECS, pour garantir la sécurité sanitaire et physique des usagers. Il est une référence pour les plombiers chauffagistes chargés d’intervenir sur la production et distribution d’eau chaude sanitaire. Ce document précise les normes à respecter pour chacune des solutions techniques évoquées plus haut.
Les professionnels en plomberie veilleront, lors de leurs interventions chez les utilisateurs à l’occasion d’une installation d’équipement, d’une visite de maintenance, d’un contrôle ou d’un entretien régulier, à les sensibiliser à la question sanitaire du mitigeage des températures afin de les inciter à garder un œil vigilant sur les températures des thermostats de leurs installations de chauffage d’ECS.