Malgré un contexte économique marqué par la chute des mises en chantier dans le secteur du bâtiment, résidentiel en tête, les marchés ayant émergé ces dix dernières années dans le secteur du génie électrique et des travaux d'installations électriques poursuivent leur maintien voire leur essor. De quoi s’appuyer sur les relais que sont le solaire photovoltaïque, les mobilités électriques ou encore la digitalisation des usages domestiques pour maintenir l’activité en 2024.
Des relais de croissance dans un marché des travaux en tension
Dans un contexte marqué par une baisse des mises en chantier de logements neufs, la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) annonçait, lors de ses vœux, une baisse en volume de 0,6% de l’activité des entreprises artisanales du bâtiment en 2023, une première depuis 3 ans. La projection est estimée, pour ces mêmes entreprises, à -2% pour 2024.
Les travaux d’installation électrique sont directement concernés et pâtissent de la chute des mises en chantier dans le logement neuf qui représente, d’après la FFB (Fédération Française du Bâtiment), 30% de l’activité du bâtiment.
Le secteur du génie électrique est majoritairement composé de TPE qui doivent également prendre en compte un contexte inflationniste créant des tensions sur leurs marges.
Néanmoins, le secteur pourra s’appuyer sur la dynamique positive entourant les interventions d’entretien et de rénovation. La rénovation du bâtiment, notamment l’amélioration de sa performance énergétique, constitue un relais de croissance pour les entreprises du secteur dans le contexte de lutte contre le changement climatique. Les électriciens pourront notamment compter en 2024 sur le marché des installations photovoltaïques dont le potentiel reste élevé ou encore sur l’essor de la voiture électrique qui nécessite de réaliser des infrastructures de recharge.
Des panneaux photovoltaïques plus performants
Avec un potentiel de 4 millions d’auto-consommateurs en France en 2030 selon RTE (gestionnaire du réseau de transport d’électricité français) pour actuellement 387 000 installations, le marché du solaire photovoltaïque reste porteur et favorisé par le contexte de hausse des tarifs de l’électricité. La demande est également en hausse dans l’équipement d’entreprises, de supermarchés et de fermes. Le développement du marché du photovoltaïque a permis une meilleure maîtrise des prix de fourniture et d’installation mais aussi des investissements en faveur de l’innovation. Les nouvelles technologies ont pour objectif de maximiser les performances et de pallier les défauts connus de ces installations : intermittence de la production d’électricité, baisse des performances et du rendement selon les conditions extérieures, etc.
Parmi les nouveautés améliorant les rendements, nous pouvons citer :
- Les panneaux photovoltaïques bi-faciaux : ces panneaux disposent de cellules photovoltaïques sur leurs deux faces, permettant de bénéficier de la lumière réfléchie par leur environnement (toiture, murs, sols, etc.), augmentant le rendement du système.
- Les panneaux solaires hybrides : cette solution 2 en 1 consiste à produire de l’électricité sur la face avant des panneaux et de l’eau chaude sur leur face arrière. Elle présente un double avantage : assurer des utilisations complémentaires (production d’électricité et d’eau chaude sanitaire, donc) mais aussi améliorer le rendement des panneaux en limitant les risques de surchauffe, la technologie aidant les cellules photovoltaïques à refroidir.
- Les micro-onduleurs innovants : des micro-onduleurs permettant de se passer de batteries solaires et de créer son propre mini réseau électrique ont vu le jour. Ces micro-onduleurs peuvent continuer à fonctionner en cas de coupure d’électricité grâce à une technologie qui continue à convertir à moindre puissance l’électricité solaire en courant alternatif.
Les nouvelles infrastructures de recharge de véhicules électriques (IRVE)
Encouragée par l’Etat, la réalisation d’infrastructures de recharge de véhicules électriques, dite IRVE, bénéficie d’aides financières, notamment dans :
- L’équipement des bâtiments de logements collectifs
- L’installation de bornes de recharge rapide sur les aires d’autoroutes
- L’amélioration du maillage territorial
Le passage à la voiture électrique est également encouragé et subventionné par le dispositif de bonus écologique destiné aux particuliers. La hausse des immatriculations est constante dans l’électrique, portant la part de marché de ces véhicules en France à 16,8% en 2023.
Dans ce contexte favorable et pour répondre aux besoins de recharge liés au développement de la mobilité électrique, les industriels montrent un intérêt grandissant pour les IRVE et investissent dans des travaux de recherche et développement. L’objectif est de répondre aux défis techniques tels que :
- L’amélioration de la vitesse de recharge et de l’autonomie : constructeurs automobiles et fabricants de bornes de recharge s’attachent à innover pour réduire les temps de charge des véhicules. Des bornes de recharge ultra rapides sont installées sur les aires d’autoroute ou encore dans des parkings de fast-food et des centrales électriques portables voient le jour.
- L’amélioration de l’accessibilité à la recharge : les industriels se mobilisent pour fluidifier les recharges de véhicules électriques, notamment par le développement de technologies sans fil. La recharge sans fil est un défi technique à relever, actuellement à l’étude. Peu d’informations filtrent à ce jour sur cette innovation avec laquelle il va falloir compter dans les années à venir.
En parallèle de l’augmentation de la mobilité électrique, le développement des smart grids se poursuit nécessairement. Ces réseaux intelligents permettent de gérer les flux et les pics de demande mais aussi de surveiller le niveau de charge des batteries et d’ajuster les puissances de charge selon les besoins. L’amélioration de la connectivité accompagne les nouveaux usages électriques. De beaux sujets pour le métier d’électricien qui ne cesse d’évoluer !
L’avènement de l’intelligence artificielle et du smart building
L’intelligence artificielle (IA) fait aujourd’hui partie intégrante des systèmes électriques. Elle permet d’en améliorer l’efficacité et d’en faciliter la gestion. Omniprésente dans la maintenance des appareils électriques et l’optimisation de leur utilisation au quotidien, l’IA bénéficie d’un développement rapide dans le secteur du bâtiment.
L’intelligence artificielle permet l’analyse de données (débit, vitesse, pression, température, etc.) ainsi que leur interprétation et, en conséquence, des ajustements automatisés dans le réglage des équipements. Elle se base principalement sur l’installation de capteurs et la programmation d’algorithmes. On parle alors d’Internet des Objets ou IoT (Internet of Things), l’IoT étant le système par lequel les objets physiques (appareils du quotidien, équipements du logement) sont connectés à Internet par un réseau.
La domotique s’appuie sur l’IA et l’IoT et poursuit son essor avec des systèmes de pilotage des équipements du logement de plus en plus intuitifs et précis. Ne concernant pas uniquement les installations électriques, les dispositifs de domotique demandent aux électriciens de développer des compétences en connectivité afin de répondre à une demande de monitoring global de la maison. C’est ce que l’on appelle le smart home ou smart building, soit en français le bâtiment intelligent. Ainsi :
- Le hub domotique fait partie des technologies en plein essor avec lesquelles il faudra continuer de compter en 2024. Il s’agit d’une centrale domotique permettant le pilotage global des équipements de la maison, leur communication et leur interaction. On parle aussi de box domotique. Associée à des capteurs avancés, cette technologie permet d’optimiser le fonctionnement des équipements de la maison, répondant à des enjeux de sécurité, de sobriété et de maîtrise des coûts.
- Les systèmes de sécurité connectés ne cessent de s’améliorer et de combiner les fonctions (anti-intrusion, sécurité incendie, etc.). Les fonctionnalités sont de plus en plus avancées : connectivité étendue et reconnaissance faciale devraient se généraliser en 2024.
- L’éclairage intelligent continue à bénéficier de l’innovation. Les technologies des LED ou des lasers permettent de gagner en confort visuel tout en réduisant les consommations d’énergie. Les capteurs et contrôles permettent de gagner en maîtrise des usages et efficacité énergétique, les systèmes de programmation gagnant en finesse, toujours grâce au couple IA et IoT.
En conclusion : une innovation au service des tendances de marché
L’innovation transforme profondément le métier d’électricien qui ne cesse d’évoluer et de s’adapter aux nouveaux besoins et aux nouvelles technologies. Les solutions développées appellent chez les professionnels des compétences plus globales que le seul réseau électrique, à l’installation comme à l’entretien et à la maintenance. Les bénéfices pour les usagers et entreprises concernés sont multiples et répondent à aux enjeux actuels de sobriété et d’efficacité énergétique et économique : amélioration de la rentabilité des équipements, optimisation des usages et du confort ou encore augmentation de la durée de vie des appareils.
Le métier s’adapte aux contextes économiques et tendances de marché. En 2024, les électriciens pourront ainsi compter sur :
- L’augmentation de la mobilité électrique dans le parc automobile français et les soutiens publics dont elle bénéficie
- La poursuite de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur le territoire, en réponse aux enjeux économiques liés à la volatilité des prix de l’énergie ainsi qu’aux enjeux climatiques de production d’énergie renouvelable
- Ou encore, dans le secteur de la construction, sur le smart building et la généralisation du monitoring global des bâtiments