
Quelles mesures pour bien gérer l’eau dans le bâtiment ?
Deux principales mesures permettent de réaliser des économies sur la ressource en eau dans le bâtiment :
- Economiser l’eau potable,
- Réutiliser les eaux grises (issues des douches, lavabos, lave-linge, lave-vaisselle, baignoires) et les eaux de pluie.
Dans les deux cas, l’adoption de comportements adaptés et l’utilisation de dispositifs techniques développés pour répondre à l’objectif de sobriété en eau permettent de mieux gérer l’eau dans le bâtiment.
Afin d’économiser l’eau potable, le premier réflexe consiste à vérifier qu’aucune canalisation ne fuit et à adopter des comportements responsables, aujourd’hui connus de tous, comme privilégier les douches plutôt que les bains ou encore utiliser un lave-vaisselle plutôt que de réaliser la vaisselle à la main. Pour aller plus loin, il est également possible de s’équiper de dispositifs adaptés tels des pommeaux de douche hydro-économes, des mousseurs de robinet, des chasses d’eau à double débit ou encore des régulateurs de débit.

La réutilisation de certaines eaux non conventionnelles, telles les eaux de pluie et les eaux grises, est autorisée pour des usages de plus en plus variés. Le Décret n° 2024-796 du 12 juillet 2024 relatif à l’utilisation d'eaux impropres à la consommation humaine permet désormais une réutilisation plus souple et définit un cadre clair. Depuis 2008, il était déjà possible de réutiliser les eaux de pluies pour certains usages domestiques. Désormais, il est également autorisé de récupérer, stocker, filtrer et distribuer les eaux grises pour une réutilisation au sein du bâtiment.
Quel impact de la nouvelle réglementation sur le métier de plombier ?
Devant les sécheresses à répétition et les tensions régulières autour de la ressource en eau, la réglementation s’est donc assouplie, dans le cadre du Plan Eau du Gouvernement, pour encourager la réutilisation des eaux impropres à la consommation humaine (ou EICH) dans les bâtiments, notamment dans l’habitat privé ou collectif et dans les établissements recevant du public.
Mais des progrès restent à faire, notamment pour les eaux-usées traitées (EUT), non-concernées par le décret de 2024. Dans ce domaine, la part de la consommation d’eau couverte par la réutilisation d’EUT n’est que de 1% en France, d’après les chiffres du Cerema relayés par l’Office international de l’eau (OiEau). C’est très peu, en comparaison de pays comme l’Espagne à 15% ou Israël à 90%. La marge de progrès est donc immense et les opportunités de marchés nombreuses et prometteuses pour le métier de plombier. D’après un sondage Agora réalisé en 2023, 97 % des Français accepteraient par exemple que l’eau utilisée pour leur lave-linge soit réutilisée pour la chasse d’eau de leurs toilettes. L’acceptabilité d’une réutilisation des EICH semble donc au rendez-vous, posant les bases d’un cadre favorable à l’innovation et la multiplication de solutions de réutilisation de la ressource en eau dans les bâtiments.

Attention cependant à la formation ! En effet, le cadre réglementaire reste vigilant s’agissant de la protection de la santé des personnes et de la préservation des écosystèmes. La réglementation conserve ainsi des règles de conception strictes, notamment en ce qui concerne la séparation des réseaux d’eau potable et d’eau impropre à la consommation humaine, la signalétique et le repérage, le verrouillage et la sécurisation des points de soutirage, le comptage ou encore le traitement des eaux. La maintenance des systèmes de stockage et de traitement doit également être assurée par un professionnel dans un cadre sanitaire strict. Pour tirer bénéfice de la nouvelle réglementation, les plombiers auront tout intérêt à se former pour être en capacité de répondre à l’ensemble des contraintes et opérer en toute conformité avec le nouveau cadre réglementaire.
Aujourd’hui, la réutilisation des eaux non conventionnelles est exclue pour les usages alimentaire et relatif à l’hygiène corporelle. Elle est soumise à des procédures administratives, dans tous les cas, pour ce qui est du lavage du linge. Pour l’ensemble des autres usages domestiques, la réutilisation des eaux de pluie est autorisée sans procédure. La réutilisation des eaux grises est soumise à expérimentation pour le nettoyage des sols intérieurs, le lavage du linge et l’arrosage du potager et à déclaration en préfecture avec respect de critères de qualité plus ou moins exigeants pour les fontaines décoratives, les toilettes, le nettoyage des surfaces extérieures, le lavage de véhicules, l’arrosage des espaces verts, des murs végétalisés, des toitures et les bassins d'ornement.
Quelles innovations pour économiser l’eau dans le bâtiment ?
Le segment de marché le plus mature, dans les EICH, reste celui de la récupération et de la réutilisation des eaux de pluies puisqu’elles sont autorisées depuis 2008. La tendance est à l’augmentation des capacités de stockage des cuves de récupération d’eaux de pluie. Il existe aujourd’hui sur le marché tout type et toute taille de cuves enterrées ou aériennes, adaptées à la maison individuelle comme aux bâtiments collectifs.
Le marché de la réutilisation des eaux grises est encore émergent et concerne principalement les établissements recevant du public (ERP) tels les hôtels, campings, gymnases et salles de sport. Il s’étend cependant dans d’autres secteurs, notamment celui de l’habitat.

Dans le secteur de l’immobilier, les nouvelles constructions prennent davantage en considération la préservation de la ressource en eau. La réglementation thermique a contraint les promoteurs et constructeurs à améliorer la performance énergétique des nouvelles constructions. Désormais, l’économie de l’eau est un enjeu environnemental également pris en compte. Par exemple, l’utilisation de minicentrales innovantes permet de réutiliser jusqu’à 45% des eaux grises des nouvelles constructions pour l’alimentation des sanitaires, l’arrosage des espaces verts ou le nettoyage des espaces communs.
Dans le bâtiment, la recherche de fuites offre de belles perspectives de marché. Des services spécialisés dans la détection de fuites intérieures et extérieures voient le jour utilisant des outils de détection innovants comme les caméras thermiques et endoscopiques, les aquaphones ou encore les gaz traceurs, répondant à la priorité d’éviter les gaspillages d’eau inutiles.
La réduction des consommations d’eau intéresse les particuliers, à la fois pour des considérations économiques et écologiques. De nouveaux produits permettent d’aider les ménages à mieux maîtriser leurs consommations en eau potable. Des pommeaux de douches et mitigeurs économiques permettent aujourd’hui de réduire les consommations d’eau jusqu’à 60%. Ce sont des dispositifs efficaces, à moindre coût.