
Accompagner les nouveaux usages électriques
Selon une étude de l’Institut CSA, la crainte liée au manque d’autonomie des voitures électriques constitue le frein principal à l’achat chez les particuliers, suivie par le coût de ces véhicules par rapport au prix d’une voiture thermique traditionnelle. Les temps de recharge sont également un facteur de doute et de questionnement.
Répondre au défi de l’accompagnement des nouveaux usages électriques est donc primordial afin d’opérer la transition écologique du secteur des transports, notamment chez les particuliers. Pour développer la voiture électrique, une réponse doit trivialement être apportée à la crainte de « tomber en panne » ! Cela passe par l’évolution des batteries vers toujours plus d’autonomie et une longévité accrue, mais également par le développement d’infrastructures permettant à tous et sur l’ensemble du territoire l’accès aisé à une borne de recharge.
L'électrification des transports et des déplacements repose donc sur des innovations technologiques, des adaptations infrastructurelles mais aussi une évolution du métier d’électricien afin de répondre aux nouveaux besoins induits, en termes d’équipement et de maintenance. Ce contexte engendre des défis opérationnels mais ouvre aussi de nouvelles perspectives économiques et techniques au service de la croissance verte.
Garantir l’autonomie et la longévité des batteries de voitures électriques
Une étude menée sur plus de 7000 véhicules a démontré que les batteries actuellement en circulation peuvent conserver une capacité supérieure à 80 % de leurs performances initiales, même après des années d’utilisation (plus de 400 000 km parcourus). La crainte relative à la perte de performance des batteries de véhicules électriques est donc légitime bien qu’infondée.
La recherche et le développement autour des batteries de véhicules électriques ont en effet abouti ces dernières années à des innovations technologiques permettant aux fabricants et aux industriels de proposer des batteries performantes sur le long terme et de faire du véhicule électrique une solution de mobilité fiable en remplacement des véhicules essence ou diesel. Les évolutions concernent notamment :
- L’amélioration de la gestion thermique, limitant la dépendance de la performance de la batterie aux températures extérieures, notamment en cas de chaleur extrême ;
- L’utilisation de matériaux permettant la réduction des cycles de dégradation des cellules de la batterie et limitant ainsi leur remplacement ;
- La gestionintelligente des batteries permettant d’adapter leur charge à l’usage réel du véhicule et d’optimiser ainsi leur durée de vie.
Les habitudes de conduite ont également un impact sur la performance de la batterie. Desstages d’écoconduite peuvent opportunément aider les conducteurs à adapter leur comportement lors de leurs déplacements aux spécificités des véhicules électriques et optimiser ainsi la durée de vie de leur batterie.
Développer les réseaux de recharge de véhicules électriques (bornes IRVE)
Les bornes IRVE (Infrastructures de Recharge pour Véhicules Électriques) jouent un rôle central dans l’électrification des transports et la transition environnementale du secteur. Leur déploiement est un levier essentiel d’accélération de la mobilité électrique et est à ce titre soutenu par la réglementation.
La Loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) impose le pré-équipement des parkings de plus de 10 places en infrastructures de recharge, en construction neuve et en cas de rénovation importante. Depuis le 1er janvier 2025, les bâtiments non-résidentiels dotés d’un parking de plus de 20 places ont l’obligation de proposer des bornes de recharge pour véhicules électriques. Entreprises, collectivités et bailleurs doivent ainsi prévoir l’installation de bornes IRVE dans leurs parkings, à raison de 5 % des places au moins.

La Loi entend encourager le passage à la voiture électrique, avec l’objectif affiché de multiplier par 4 le nombre de bornes disponibles sur le territoire français d’ici 2027. Le développement des bornes de recharge rapide et des bornes de recharge bidirectionnelles vont dans le sens d’une amélioration de l’usage électrique en réduisant les temps de charge, et de l’optimisation globale des consommations énergétiques et de la stabilisation du réseau, en permettant le stockage de l’électricité dans les batteries et son utilisation pour d’autres usages électriques.
Par ailleurs, les entreprises possédant plus de 100 véhicules de société sont incitées à faire évoluer leurs flottes de véhicules vers l’électrique via une taxe incitative mise en place par la loi de finances 2025. L’électrification des flottes professionnelles (véhicules utilitaires, camions) est également encouragée.
Enfin, des subventions s’adossent à ces réglementations, à la fois pour encourager l’acquisition de véhicules électriques et pour soutenir l’investissement dans l’installation de bornes IRVE, notamment avec le programme ADVENIR qui finance des bornes de recharge dans le cadre des certificats d’économie d’énergie (CEE) du Ministère de la Transition écologique et de l’ADEME (agence pour la transition écologique). Ces dispositifs complètent les importants investissements publics planifiés pour moderniser les infrastructures existantes et les adapter aux nouveaux usages électriques et aux nouvelles solutions de mobilité durable. Depuis le 1er janvier 2025, la fiche CEE TRA-EQ-114 permet quant à elle de bénéficier d’une prime CEE pour l’acquisition ou la location de véhicules électriques.
Faire évoluer le métier d’électricien
L’électrification des transports s’accompagne de nombreux défis mais elle représente également de belles opportunités d’évolution de leur activité et de leur métier pour les électriciens. La maîtrise des technologies émergentes et l'adaptation aux évolutions réglementaires sont désormais des clés de succès dans le métier. L'exploitation de nouvelles opportunités de marché, notamment dans le domaine florissant des IRVE, représente quant à elle une opportunité business intéressante.
Le développement des systèmes d’IRVE impose aux techniciens l’acquisition de compétences nouvelles. La formation continue et la qualification IRVE deviennent indispensables pour répondre à l’évolution des usages et des normes mais aussi pour garantir la sécurité des installations. Ainsi, le décret n° 2017-26 du 12 janvier 2017 soumet les électriciens à une obligation de formation et de qualification pour l’installation et la maintenance des bornes de recharge pour véhicules électriques d’une puissance supérieure à 3,7 kW, que ce soit dans le secteur résidentiel individuel comme collectif ou dans le tertiaire. La qualification IRVE permet l’installation de bornes de recharge jusqu’à 22 kW (niveaux 1 et 2) ainsi que l’installation de bornes de recharge rapide supérieures à 22 kW (niveau 3). Les électriciens sont les seuls professionnels à être habilités pour l’installation des bornes IRVE et ils doivent être titulaires d’une qualification IRVE délivrée par Qualifelec, Qualit’EnR ou AFNOR pour pouvoir opérer.
Pour les professionnels, l'électrification des transports et les nouvelles mobilités durables ne se limitent donc pas à la transition environnementale : elles représentent une mutation profonde de leur métier et une opportunité stratégique dans l’évolution et le développement de leur activité.